Le partenariat en santé
Pourquoi le partenariat en santé ?
La relation entre les patients et leur environnement clinique évolue rapidement. L’augmentation importante des patients vivant avec une ou des maladies chroniques, les niveaux élevés de non-adhésion aux traitements, l’accès accru du public aux connaissances médicales et le besoin d’une plus grande autonomie des patients sont autant d’éléments qui suggèrent qu’une nouvelle approche des soins, des services et de la recherche est nécessaire et que la participation des patients à l’élaboration de solutions constitue un moyen de relever ces nouveaux défis.
Plus important encore, les patients apportent aux projets et aux équipes leur point de vue à titre « d’experts de la vie avec la maladie », une expertise et des connaissances acquises grâce à une expérience unique de la vie avec une maladie, ainsi que l’expérience des traitements, des interactions avec les professionnels de la santé et le système de soins de santé en général.
Les lois et décrets : les fondements d'une nouvelle approche avec le patient
Une loi fondatrice a permis de faire évoluer ce paradigme naissant qui a fait suite aux années SIDA.
La Loi n° 2002-303 dite “Loi Kouchner” du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé a eu pour objectif de répondre aux attentes des malades et d’améliorer les droits des patients (en cas d’erreur ou de faute médicale). Elle consacre le droit du patient de prendre des décisions concernant sa santé et l’obligation des soignants de créer toutes les conditions pour éclairer ses décisions.
D’autres lois et décrets viendront renforcer les droits des patients:
- Loi du 9 août 2004 sur la politique de santé publique : elle renforce la participation des usagers aux politiques publiques de santé (la conférence nationale de santé devient un lieu de concertation sur les orientations des politiques de santé, indemnisation des victimes de mesures des autorités publiques pour faire face à des catastrophes sanitaires, notamment) ;
- Loi du 22 avril 2005 sur les droits des malades et à la fin de vie : elle renforce le droit de refus du patient d’être soigné et organise les situations particulières des personnes en fin de vie et des personnes hors d’état d’exprimer leur volonté. Elle instaure aussi les directives anticipées ;
- Loi du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST) : elle garantit un égal accès des personnes à des soins sûrs et de qualité, facilite le parcours de soins (passerelles entre la prise en charge des patients en ville et à l’hôpital) et propose une nouvelle organisation (création des Agences régionales de santé, les ARS) ;
- Loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé (loi Touraine) : elle renforce le rôle des représentants des usagers (RU), en particulier au sein de la commission des usagers (CDU) mais aussi l’accès aux soins avec la généralisation du tiers-payant ;
Quelques définitions
“Qui dit partenariat, dit partenaires”. Les partenaires évoluent dans une relation collaborative. Le but de la collaboration est commun.
Dans notre vision du partenariat, nous avons souhaité interroger des professionnels de santé, des patients, aidants sur cette notion.
Le partenariat patient en santé est une approche collaborative qui se construit entre les patients (sur la base d’un engagement uniquement volontaire, librement consenti, sans obligation aucune) et les professionnels de la santé, les décideurs qui travaillent ensemble de manière équilibrée pour améliorer la qualité des soins et des services de santé. Dans une démarche de démocratie sanitaire, les patients ne sont pas seulement des bénéficiaires passifs des soins, mais des partenaires actifs et éclairés, dont les savoirs expérientiels, situés et sachants sont reconnus et intégrés pour l’amélioration du système de santé. Ce partenariat permet d’aligner les solutions de santé avec les besoins réels de leurs utilisateurs finaux : les patients, “usagers” de santé.
S’engager ensemble dans une situation de santé c’est:
- multiplier les possibilités d’action,
- fédérer les analyses,
- faire entrevoir à l’Autre qu’il n’a qu’une partie de la solution,
- compléter des avis,
- s’enrichir continuellement,
- mieux se connaître pour mieux se comprendre,
- créer un climat de confiance propice à une proximité humaine et une intimité nécessaires à la compréhension de tous les pans d’une situation de soins toujours complexe, individuelle, personnelle, singulière.
Dans la relation de soins individuelle, la relation partenariale permet :
- une communication ouverte et transparente
- à la personne soignée de se sentir à l’aise, entre de bonnes mains, en sécurité
- au professionnel de santé d’être attentif à l’objectif final de la personne en soins
- une relation personnalisée dans chaque cas
- c’est ensemble qu’on devient plus forts, plus riches, plus efficaces, plus adaptés aux besoins réels
- c’est faire équipe en vue d’atteindre un but commun
- c’est s’écouter et se comprendre
- c’est optimiser la communication entre tous les acteurs
- c’est parler, expliquer, s’expliquer, échanger sans cesse dans un climat sans enjeu de pouvoir
- c’est une expression libre de son état émotionnel (pour la personne soignée comme pour le professionnel de santé)
- c’est s’apporter du réconfort mutuellement
- c’est apprendre de l’Autre en permanence
Dans les gouvernances (directions d’institutions directions de santé, ministères et toutes les tutelles sanitaires et ou sociales) ainsi que dans les organisations de recherche et d’enseignement, la contribution de tous les acteurs concernés permet :
- de considérer la perspective de chacun dans une situation
- d’être entendu et compris
- de respecter les impératifs, droits, choix, projets, croyances, priorités de tous les acteurs en jeu
Du point de vue de l’efficacité des soins, le partenariat peut également réduire les erreurs médicales. La communication ouverte permet aux patients de signaler les effets secondaires ou les problèmes liés à leur traitement plus rapidement, ce qui aide les soignants à ajuster les plans de soins de manière plus efficace.
En résumé, le partenariat en santé enrichit la pratique médicale en la rendant plus centrée sur le patient, ce qui améliore les résultats de santé, augmente la satisfaction des patients et des soignants, et optimise l’utilisation des ressources de santé.